1985. Lan Giang, au Vietnam. Thanh a seize ans, c’est un beau jeune homme, fils unique. Il est brillant, cultivé et promis à un bel avenir. Contre toute attente il prend une terrible décision : s’enfuir de chez ses parents sans leur laisser aucune explication. Pour survivre il va tomber dans la mendicité puis la prostitution. Il va consacrer les quinze années à venir à apprendre à vivre et à lutter en vain contre son passé qui le hante.
Encore une fois Duong Thu Huong fait voyager son lecteur au Vietnam, d’autant plus que Thanh change plusieurs fois de ville, décrivant à chaque fois les moeurs locales : Lan Giang, Saigon, Hanoi, Nha Trang…
Comme dans « Terre des oublis » l’auteure situe son action dans un pays partagé entre modernité et traditions :
« A l’époque où un vent de liberté soulevait le voile de l’intimité, la libération sexuelle et l’égalité des droits étaient devenues des revendications aussi fondamentales que le maïs ou le manioc en période de disette. Qu’elles le crient sur les toits ou qu’elles le taisent, les femmes modernes voulaient, en vivant au grand jour leurs passions, extirper de leur chair les souffrances secrètes et la chape de silence que les générations précédentes avaient endurées. » (p. 673)
D’autres points communs rapprochent ces deux romans, comme la forte présence des fonctionnaires et des commerçants (deux professions reposant sur un statut particulier) ou encore la description des inégalités sociales. L’histoire de Thanh en est un révélateur, tout comme celle des multiples personnages rencontrés au cour de ce roman construit sur de nombreux retours dans le passé.
Mais surtout, qu’il s’agisse de Thanh dans « Sanctuaire du coeur » ou de Miên dans « Terre des oublis », les personnages de Duong Thu Huong n’ont pas le droit au bonheur.
J’ai cependant été davantage touchée par l’histoire de Miên qui subit réellement ce qui lui arrive que par celle de Thanh qui, selon moi, a à l’origine été acteur de sa vie.
Malgré quelques longueurs j’ai beaucoup apprécié « Sanctuaire du coeur » et ai pris plaisir à retrouver l’écriture toujours très précise et descriptive de Duong Thu Huong.