Je sais que nous ne sommes qu’en mars, mais je me demande déjà si « Annabel » de Kathleen Winter ne sera pas MON livre de l’année 2013…
Labrador, 1968. Un enfant naît à la fois garçon et fille. Ses parents prennent la difficile décision de choisir son sexe : ce sera un garçon et il s’appellera Wayne. Ils vont l’élever comme on élève un fils. Mais peut-on refouler ce que la chirurgie et les hormones peuvent cacher ? Wayne va grandir dans un foyer sur lequel le secret de sa naissance va toujours peser, et souffrir de ressentir qu’il n’est pas celui que l’on veut qu’il soit :
« si seulement il y avait d’autres personnes comme lui, alors qu’il est seul dans un monde où chacun a la certitude de jouer le rôle qui est le sien, celui d’un homme ou d’une femme » (p.409).
Que de souffrance évoquée dans ce livre, mais sans voyeurisme aucun. Par son écriture extrêmement travaillée et contemplative l’auteure nous transporte doublement dans un autre monde : elle nous emmène au Labrador, nous donne à voir les étendues de neige et nous fait ressentir le vent et le froid qui s’immiscent sous les vêtements. Et elle nous immerge dans l’univers étriqué de Wayne et nous fait étouffer avec lui.
Voilà un roman qui laisse un vide quand on le referme…
Annabel, Kathleen Winter. Ed. Christian Bourgois, 2013.
grigrigredin.wordpress.com 
Ton blog est passionnant et tu proposes des lectures qui tombent pile poil dans les choses qui m’interrogent et me donnent envie de réfléchir.
Merci ! J’ai découvert ton blog aujourd’hui et je suis épatée de sa richesse ! Surtout que tu as choisi de le consacrer aux femmes de lettres. Il y a de tellement grandes auteures !
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